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// -*- mode: doc; mode: flyspell; coding: utf-8; fill-column: 79; -*-
== Les leçons de l'histoire ==
L'une des conséquences de la nature distribuée de Git est qu'il est facile de
modifier l'historique. Mais si vous réécrivez le passé, faites attention : ne
modifiez que la partie de l'historique que vous êtes le seul à posséder. Sinon,
comme des nations qui se battent éternellement pour savoir qui a commis telle
ou telle atrocité, si quelqu'un d'autre possède un clone dont l'historique
diffère du vôtre, vous aurez des difficultés à vous réconcilier lorsque vous
interagirez.
Certains développeurs insistent très fortement pour que l'historique soit
considéré comme immuable. D'autres pensent au contraire que les historiques
doivent être rendus présentables avant d'être présentés publiquement. Git
s'accommode des deux points de vue. Comme les clones, les branches et les
fusions, la réécriture de l'historique est juste un pouvoir supplémentaire que
vous donne Git. C'est à vous de l'utiliser à bon escient.
=== Je me corrige... ===
Que faire si vous avez fait un commit mais que vous souhaitez y attacher un
message différent ? Pour modifier le dernier message, tapez :
$ git commit --amend
Vous apercevez-vous que vous avez oublié un fichier ? Faites *git add* pour
l'ajouter puis exécutez la commande ci-dessus.
Voulez-vous ajouter quelques modifications supplémentaires au dernier commit ?
Faites ces modifications puis exécutez :
$ git commit --amend -a
=== ... et bien plus ===
Supposons que le problème précédent est dix fois pire. Après une longue séance,
vous avez effectué une série de commits. Mais vous n'êtes pas satisfait de la
manière dont ils sont organisés et certains des messages associés doivent être
revus. Tapez alors :
$ git rebase -i HEAD~10
et les dix derniers commits apparaissent dans votre $EDITOR favori. Voici un
petit extrait :
pick 5c6eb73 Added repo.or.cz link
pick a311a64 Reordered analogies in "Work How You Want"
pick 100834f Added push target to Makefile
Ensuite :
- Supprimez un commit en supprimant sa ligne.
- Réordonnez des commits en réordonnant leurs lignes.
- Remplacez `pick` par :
* `edit` pour marquer ce commit pour amendement.
* `reword` pour modifier le message associé.
* `squash` pour fusionner ce commit avec le précédent.
* `fixup` pour fusionner ce commit avec le précédent en supprimant le
message associé.
Sauvegardez et quittez. Si vous avez marqué un commit pour amendement alors
tapez :
$ git commit --amend
Sinon, tapez :
$ git rebase --continue
Donc faites des commits très tôt et faites-en souvent : vous pourrez tout
ranger plus tard grâce à 'rebase'.
=== Les changements locaux en dernier ===
Vous travaillez sur un projet actif. Vous faites quelques commits locaux puis
vous vous resynchronisez avec le dépôt officiel grâce à une fusion (merge). Ce
cycle se répète jusqu'au moment où vous êtes prêt à pousser vos contributions
vers le dépôt central.
Mais à cet instant l'historique de votre clone Git local est un fouillis infâme
mélangeant les modifications officielles et les vôtres. Vous préféreriez que
toutes vos modifications soient contiguës et se situent après toutes les
modifications officielles.
C'est un boulot pour *git rebase* comme décrit ci-dessus. Dans la plupart des
cas, vous pouvez utilisez l'option *--onto* et éviter les interactions.
Lisez *git help rebase* pour des exemples détaillés sur cette merveilleuse
commande. Vous pouvez scinder des commits. Vous pouvez même réarranger des
branches de l'arbre.
=== Réécriture de l'histoire ===
De temps en temps, vous avez besoin de faire des modifications équivalentes à
la suppression d'une personne d'une photo officielle, la gommant ainsi de
l'histoire d'une manière quasi Stalinienne. Supposons que vous ayez publié un
projet mais en y intégrant un fichier que vous auriez dû conserver secret. Par
exemple, vous avez accidentellement ajouté un fichier texte contenant votre
numéro de carte de crédit. Supprimer ce fichier n'est pas suffisant puisqu'il
pourra encore être retrouvé via d'anciennes versions du projet. Vous devez
supprimer ce fichier dans toutes les versions :
$ git filter-branch --tree-filter 'rm top/secret/fichier' HEAD
La documentation *git help filter-branch* explique cette exemple et donne une
méthode plus rapide. De manière générale, *filter-branch* vous permet de
modifier des pans entiers de votre historique grâce à une seule commande.
Après cela, le dossier +.git/refs/original+ contiendra l'état de votre dépôt
avant l'opération. Vérifiez que la commande filter-branch a bien fait ce que
vous souhaitiez puis effacer ce dossier si vous voulez appliquer d'autres
commandes filter-branch.
Finalement, remplacez tous les clones de votre projet par votre version révisée
si vous voulez pouvoir interagir avec eux plus tard.
=== Faire l'histoire ===
[[makinghistory]] Voulez-vous faire migrer un projet vers Git ? S'il est géré
par l'un des systèmes bien connus alors il y a de grandes chances que quelqu'un
ait déjà écrit un script afin d'importer l'ensemble de l'historique dans Git.
Sinon, regarder du côté de *git fast-import* qui lit un fichier texte dans un
format spécifique pour créer un historique Git à partir de rien. Typiquement
un script utilisant cette commande est un script jetable qui ne servira qu'une
seule fois pour migrer le projet d'un seul coup.
À titre d'exemple, collez le texte suivant dans un fichier temporaire
(`/tmp/historique`) :
----------------------------------
commit refs/heads/master
committer Alice <alice@example.com> Thu, 01 Jan 1970 00:00:00 +0000
data <<EOT
Commit initial
EOT
M 100644 inline hello.c
data <<EOT
#include <stdio.h>
int main() {
printf("Hello, world!\n");
return 0;
}
EOT
commit refs/heads/master
committer Bob <bob@example.com> Tue, 14 Mar 2000 01:59:26 -0800
data <<EOT
Remplacement de printf() par write().
EOT
M 100644 inline hello.c
data <<EOT
#include <unistd.h>
int main() {
write(1, "Hello, world!\n", 14);
return 0;
}
EOT
----------------------------------
Puis créez un dépôt Git à partir de ce fichier temporaire en tapant :
$ mkdir projet; cd projet; git init
$ git fast-import --date-format=rfc2822 < /tmp/historique
Vous pouvez extraire la dernière version de ce projet avec :
$ git checkout master .
La commande *git fast-export* peut convertir n'importe quel dépôt Git en un
fichier au format *git fast-import* ce qui vous permet de l'étudier pour écrire
des scripts d'exportation mais vous permet aussi de transporter un dépôt dans
un format lisible. Ces commandes permettent aussi d'envoyer un dépôt via un
canal qui n'accepte que du texte pur.
=== Qu'est-ce qui a tout cassé ? ===
Vous venez tout juste de découvrir un bug dans une fonctionnalité de votre
programme et pourtant vous êtes sûr qu'elle fonctionnait encore parfaitement il
y a quelques mois. Zut ! D'où provient ce bug ? Si seulement vous aviez testé
cette fonctionnalité pendant vos développements.
Mais il est trop tard. En revanche, en supposant que vous avez fait des commits
suffisamment souvent, Git peut cerner le problème.
$ git bisect start
$ git bisect bad HEAD
$ git bisect good 1b6d
Git extrait un état à mi-chemin entre ces deux versions (HEAD et 1b6d). Testez
la fonctionnalité et si le bug se manifeste :
$ git bisect bad
Si elle ne se manifeste pas, remplacer "bad" (mauvais) par "good" (bon). Git
vous transporte à nouveau dans un état à mi-chemin entre la bonne et la
mauvaise version, en réduisant ainsi les possibilités. Après quelques
itérations, cette recherche dichotomique vous amènera au commit où le bug est
survenu. Une fois vos investigations terminées, retourner à votre état original
en tapant :
$ git bisect reset
Au lieu de tester chaque état à la main, automatisez la recherche en tapant :
$ git bisect run mon_script
Git utilise la valeur de retour du script fourni pour décider si un état est
bon ou mauvais : mon_script doit retourner 0 si l'état courant est ok, 125 si
cet état doit être sauté et n'importe quelle valeur entre 1 et 127 si l'état
est mauvais. Une valeur négative abandonne la commande bisect.
Vous pouvez faire bien plus : la page d'aide explique comment visualiser les
bisects, comment examiner ou rejouer le log d'un bisect et comment éliminer des
changements que vous savez sans conséquence afin d'accélérer la recherche.
=== Qui a tout cassé ? ===
Comme de nombreux systèmes de gestion de versions, Git a sa commande blame :
$ git blame bug.c
Cette commande annote chaque ligne du fichier afin de montrer par qui et quand
elle a été modifiée la dernière fois. À l'inverse de la plupart des autres
systèmes, cette commande marche hors-ligne et ne lit que le disque local.
=== Expérience personnelle ===
Avec un système de gestion de versions centralisé, la modification de
l'historique est une opération difficile et faisable uniquement par les
administrateurs. Créer un clone, créer une branche ou en fusionner plusieurs
sont des opérations impossibles à réaliser sans communication réseau. Il en est
de même pour certains opérations basiques telles que parcourir l'historique ou
intégrer une modification. Avec certains systèmes, des communications réseaux
sont même nécessaires juste pour voir ses propres modifications ou pour ouvrir
un fichier avec le droit de modification.
Ces systèmes centralisés empêchent le travail hors-ligne et nécessitent une
infrastructure réseau d'autant plus lourde que le nombre de développeurs
augmentent. Plus important encore, certaines opérations deviennent si lentes
que les utilisateurs les évitent à moins qu'elles soient absolument
indispensables. Dans les cas extrêmes cela devient vrai même pour les commandes
les plus basiques. Lorsque les utilisateurs doivent effectuer des opérations
lentes, la productivité souffre des interruptions répétées.
J'ai moi-même vécu ce phénomène. Git a été le premier système de gestion de
versions que j'ai utilisé. Je me suis vite accoutumé à lui, tenant la plupart
de ses fonctionnalités pour acquises. Je pensais que les autres systèmes
étaient similaires : le choix d'un système de gestion de versions ne devait pas
être bien différent du choix d'un éditeur de texte ou d'un navigateur web.
J'ai été très surpris lorsque, plus tard, il m'a fallu utilisé un système
centralisé. Une liaison internet épisodique importe peu avec Git mais rend le
développement quasi impossible lorsque le système exige qu'elle soit aussi
fiable que les accès au disque local. De plus, je me restreignais afin d'éviter
certaines commandes trop longues, ce qui m'empêchait de suivre ma méthode de
travail habituelle.
Lorsqu'il me fallait utiliser ces commandes lentes, cela interrompait mes
réflexions et avait des effets pervers. En attendant la fin des communications
avec le serveur, je me lançais dans autre chose pour passer le temps comme lire
mes mails ou écrire de la documentation. Lorsque je revenais à mon travail
initial, la commande s'était terminée depuis longtemps et je perdais du temps à
retrouver le fil de mes pensées. Les être humains ne sont pas bons pour changer
de contexte.
Il y a aussi un effet intéressant du type « tragédie des biens communs » : afin
d'anticiper la congestion du réseau, certains vont consommer plus de bandes
passantes que nécessaire pour effectuer des opérations visant à réduire leurs
attentes futures. Ces efforts combinés vont encore augmenter la congestion,
incitant ces personnes à consommer encore plus de bande passante pour éviter
ces délais toujours plus longs.
// LocalWords: Git doc visual-line flyspell coding utf git amend add commits
// LocalWords: apercevez-vous Voulez-vous rebase HEAD EDITOR pick eb Added How
// LocalWords: link Reordered Work You Want push target to Makefile edit fixup
// LocalWords: reword faites-en merge onto help filter-branch tree-filter rm
// LocalWords: filter-banch makinghistory fast-import refs committer Alice Thu
// LocalWords: EOT inline hello.c include stdio.h int printf world return Mar
// LocalWords: write unistd.h mkdir cd init date-format rfc checkout master ok
// LocalWords: fast-export bug bisect start bad good reset run bisects log web
// LocalWords: blame bug.c